En raison de sa situation géographique, le Panama est devenu un emplacement stratégique pour les entreprises, que celles-ci soient légales ou frauduleuses. C’est ce qu’affirment des journalistes panaméens.
Lors de la sixième édition du Congrès latino-américain de journalisme (le Colpin), le système financier du Panama a été accusé d’héberger des sociétés écrans servant à dissimuler la corruption.
C’est ce que révèle l’enquête menée par le journaliste péruvien Oscar Libon, pour Perú21, qui a découvert que l’ancien président de son pays, Alejandro Toledo, avait fait circuler de l’argent publique à travers des entreprises panaméenne afin d’acquérir plusieurs propriétés luxueuses et exclusives.
L’une de ces propriétés, une maison estimée à presque quatre millions de dollars, a été achetée au nom de sa belle-mère. Il l’a acheté comptant, par l’entremise de l’une de ses sociétés écrans. Interrogé sur l’origine de cet argent, l’ancien président a répondu qu’il s’agissait d’une indemnisation versée à sa belle-mère en tant que victime de la Shoah.
Ana Arana, journaliste guatémaltèque pour le journal El Periódico, a mené une série de reportages sur le président Otto Perez Molina et la vice-présidente, Roxana Baldetti. D’après son enquête, dès que ces deux dirigeants politiques sont arrivés au pouvoir, ils se sont précipités pour perquisitionner des biens immobiliers. Comme Toledo, ils ont acquis de nombreuses propriétés grâce à des sociétés fictives basées au Panama.
Le Mexicain Raul Olmos, du magazine Emeequis, a mené une enquête sur les Légionnaires du Christ, une congrégation composée d’ecclésiastiques qui, entre abus sexuels et relations politiques, ont réussi à créer plusieurs sociétés avec lesquelles ils ont su construire une fortune et acheter des demeures aux Etats-Unis, au Mexique, en France, en Suisse et dans d’autres pays. Afin de faire circuler l’argent, les religieux ont ainsi créé trois sociétés fictives au Panama en 1984.
Ces sociétés ne possèdent même pas d’adresse physique, affirme Olmos, ajoutant que les entreprises panaméennes ont permis au groupe d’entrer sur le territoire, comme des investisseurs étrangers viennent dans d’autres pays, afin d’obtenir des avantages fiscaux. Cette enquête a obtenu la troisième place du prix de l’Institut Prensa y Sociedad.
Les trois journalistes sont d’accord pour dire que la législation financière du Panama n’est pas très exigeante en matière de contrôle, à l’égard de ces sociétés qui sont utilisées parfois de manière illégale.
Certains ont ainsi pu dire, non sans ironie, que cela pourrait expliquer le niveau élevé des investissements dans ce pays.