Les statuts de l’association civile du Verbe de vie déposés à la Préfecture de Tulle en date du 2 Juillet 1986 mentionnent ces 7 noms. Ce document officiel sera falsifié par la suite, afin de ne faire apparaître comme membres fondateurs que Georges et Marie-Josette Bonneval. L’original des statuts déposés à la préfecture a permis de mettre à jour cette falsification lors de la visite canonique. Par ailleurs, peu après l’Ascension 1998, à l’abbaye de Solignac, Georges et Marie-Josette Bonneval demandent aux autres membres fondateurs et à tous les bergers de maison de les reconnaître comme père et mère à vie de la communauté, avec l’accord du père Jacques Marin, présent ce jour-là.
Très tôt dans l’histoire de la communauté, des dysfonctionnements apparaissent au niveau de l’autorité exercée par Georges et Marie-Josette Bonneval, eux-mêmes accompagnés par le Père Jacques Marin. Les autres membres fondateurs tentent, les uns après les autres, de rectifier la trajectoire, mais la violence de l’opposition les oblige ensuite à quitter la communauté :
- Jacques et Geneviève Pellier, avec leurs enfants, en 1989.
- Jean-Louis et Monique Fradon, en août 1999.
- Marina Perrot, en décembre 2003.
Visite canonique
Elle est déclenchée en 2002 par Monseigneur Charrier, évêque de Tulle, grâce aux différentes interventions de Jean-Louis et Monique Fradon, et de Marina Perrot.
Son rapport est rendu le 15 mars 2003. Il est d’abord entendu par les membres présents (bergers des maisons). Deux problèmes majeurs sont nommés : d’une part la confusion entre le for interne et le for externe et d’autre part, l’autorité exercée par le couple Georges et Marie-Josette Bonneval perçue par les membres comme une emprise envahissante. Les autres problèmes relevés sont : le manque de formation, l’absence de règle de vie, l’excès de fatigue des membres, le manque de prise en compte des compétences personnelles, les finances. Dix recommandations sont prescrites.
La première recommandation concerne Georges Bonneval, premier modérateur de la Communauté qui est destitué de ses fonctions. Il lui est alors demandé de prendre un temps de recul par rapport à la communauté du Verbe de Vie.
Olivier Belleil, modérateur
Olivier Belleil, marié, père de 7 enfants, est élu modérateur, en août 2003.
La communauté est encore en fondation, elle n’a que 17 ans d’existence. Les statuts ne sont ni finalisés ni encore reconnus, la règle de vie n’est pas écrite, tous les fondateurs sont partis.
Dans ce contexte, les membres fondateurs ayant dénoncé les dysfonctionnements auraient pu être sollicités et réintégrés dans la communauté. Mais aucun dialogue fructueux ne s’est établi entre le nouveau modérateur et ces membres fondateurs.
Il est alors décidé que le charisme fondateur repose sur toute la communauté.
Dans les différentes explications qui suivront, Olivier Belleil donnera très succinctement sa « clé de lecture » de la crise de la communauté et de la nécessité d’une visite canonique, en la réduisant « à une division entre les cinq fondateurs » (cf. article cité ci-après, paru dans La Croix du 29 août 2007, en page 19), ou bien à : « des divisions au sein de la communauté », comme on peut encore le lire à ce jour (août 2016) sur Wikipédia. Dans le droit de réponse du 15/10/2007 qui leur était accordé par le Journal La Croix, Jean-Louis et Monique Fradon retracent les faits :
« Nous avons pris connaissance de l’article intitulé « De nouveaux statuts pour le Verbe de Vie », dans lequel nous sommes directement mis en cause en tant que cofondateurs. Le modérateur général y explique le retard apporté à la reconnaissance des statuts de la manière suivante : « Les divisions entre les cinq fondateurs ont provoqué des difficultés communautaires, ce qui a conduit Mgr Charrier à demander deux visites canoniques. » Nous sommes choqués de ces propos, très éloignés de la vérité, pour deux raisons principales :
- Le modérateur omet de dire que les cinq fondateurs n’avaient ni les mêmes fonctions, ni les mêmes responsabilités. Nous n’avions nous-mêmes aucun pouvoir de décision pour diriger la communauté, cette charge étant exercée exclusivement par le couple modérateur qui était à la fois fondateur et responsable du gouvernement de la communauté. Il pratique l’amalgame en mettant les cinq fondateurs sur le même plan.
- Le modérateur actuel ne nie pas qu’un audit pastoral ait fait apparaître des erreurs dans le mode de gouvernement « dont certaines graves ». En cela, nous le confirmons totalement. Nous avions pris nous-mêmes conscience, plusieurs années avant notre départ, des dangers qui menaçaient la pérennité de la communauté, l’entraînant dans une dérive qui aurait inévitablement abouti à sa perte : absence de séparation entre le rôle du fondateur et du modérateur, entre le for interne et le for externe des personnes, gouvernement trop centralisé, non-élection du modérateur, atteintes au respect et à la liberté des personnes… Mais nous contestons les propos du modérateur actuel quand il attribue le retard apporté à la reconnaissance des statuts aux divisions entre les cinq fondateurs. La cause première des difficultés communautaires était, comme nous venons de le dire, un grave problème de gouvernement. Ce dernier a justifié à lui seul la mise en œuvre d’une visite canonique. Devant pareille situation, il était d’ailleurs plutôt sain que s’expriment des divergences. Celles-ci n’ont été cependant que la conséquence du problème de fond et non la cause principale.
Enfin, l’article de La Croix fait dire au modérateur actuel qu’« en 2004-2005, l’un des couples fondateurs est parti au Brésil, tandis que les trois autres cofondateurs ont quitté la communauté ». Or, en ce qui nous concerne, il n’en est rien. Ne pouvant cautionner plus longtemps la situation interne, nous avons dû, contre notre gré, quitter la communauté en août 1999, non sans avoir tenté en vain d’intervenir auprès du couple modérateur de l’époque, y compris en faisant appel à une médiation extérieure. Deux ans après, nous avons rédigé un rapport circonstancié des dysfonctionnements constatés et l’avons remis à l’autorité ecclésiale. Plus tard, en février 2002, nous avons eu l’occasion de nous entretenir avec le nouvel évêque de Tulle, Mgr Charrier, qui venait d’avoir en main notre rapport. Nous lui avons alors suggéré de mettre en œuvre une visite canonique pour remédier aux graves problèmes qui perduraient dans la communauté plus de deux ans après notre départ. Il est donc faux de prétendre que ce sont les divisions entre les cinq fondateurs qui ont conduit Mgr Charrier à mener une visite canonique. Bien au contraire, c’est notre démarche personnelle auprès de Mgr Charrier qui a été l’élément déclencheur de la visite canonique. La chronologie des faits en témoigne, puisque nous avons quitté la communauté en 1999, c’est-à-dire cinq à six ans avant la date mentionnée dans l’article. »
Georges et Marie-Josette Bonneval et les Semences du Verbe.
À la suite de la visite canonique, Georges Bonneval, premier modérateur de la Communauté est destitué de ses fonctions. Il lui est alors demandé de prendre un temps de recul par rapport à la communauté du Verbe de Vie. Ce temps n’a pas été respecté et Georges et Marie Josette Bonneval sont partis dans une de leurs fondations du Verbe de Vie au Brésil. Puis ils ont, en désaccord avec l’évêque de Salvador de Bahia, emmené certains membres du Verbe de Vie pour fonder les Semences du Verbe.
Quelques années plus tard, ils tentent, à plusieurs reprises, de revenir en France. Le 17 mai 2016, leur venue était annoncée sur le diocèse de Blois, à Notre-Dame de la Trinité, pour prendre la suite de la communauté des Capucins. Elle a finalement été annulée.
Les vagues de départ de la communauté du Verbe de Vie
Le rapport de la visite canonique de 2003 ayant commencé à mettre en lumière les faiblesses et dysfonctionnements de cette nouvelle communauté, ainsi que le manque de définition du charisme fondateur, les membres, même engagés définitifs, ont alors la possibilité de quitter la communauté. À partir de 2004, un certain nombre de membres vont continuer à partir et les départs ne cesseront pas, y compris ces dernières années, avec comme corollaire la fermeture de maisons.
En 30 ans, plus de 240 membres se sont engagés dans la communauté de vie. Ils partagent, « sous le même toit », une vie de prière et de service à temps plein. Tous les états de vie y sont représentés : célibataires, couples, laïcs consacrés. De nombreux membres sont engagés à vie depuis plusieurs années.
Plus de 160 membres ont quitté la communauté, par « vagues » successives, soit 68% des membres, dont 30% étaient des engagés définitifs.
Les deux dernières « vagues » remontent aux années 2007/2009 puis 2012/2013 durant le gouvernement d’Olivier Belleil, et entraînent à chaque fois le départ d’une quinzaine de membres, pratiquement tous engagés définitifs. En sachant qu’une grande maison (telle que l’Abbaye d’ Aubazine), est constituée d’une dizaine de membres, c’est donc à chaque fois une maison qui est en péril.
Les fermetures de maisons
Ainsi, sur 16 fondations, 8 fermetures, dont l’abbaye d’Aubazine (en 2010) et plus récemment celle de la Valette à Toulon (en 2015).
Devant la réalité des faits, il est étonnant de s’en tenir encore, en 2016, à la version suivante :
(…) depuis sa fondation, et malgré une crise de croissance en 2003 qui a vu le départ d’un couple fondateur, le Verbe de Vie s’est implanté à Josselin, en Bretagne, à Sceaux, en Île de France, dont la communauté anime la paroisse, à Pensier, en Suisse, à Bamako, au Mali, et à Salvador de Bahia au Brésil
(mensuel PRIER de Mai 2016).
Le Père Jacques Marin
Le Père Jacques Marin a exercé, dès le départ, dans la communauté du Verbe de Vie, plusieurs rôles à la fois : conseiller spirituel de la communauté, accompagnateur personnel du modérateur, accompagnateur et confesseur de chacun des membres. La non-distinction entre le for interne et le for externe a engendré de graves confusions au niveau du gouvernement et privé les membres de leur liberté personnelle.
Par ailleurs, il a soutenu et accompagné en même temps la fondation dissidente « Les Semences du Verbe » (voir lien ci-dessous), ce qui n’est pas sans souligner la fragilité de son discernement spirituel et ecclésial :
http://www.sementesdoverbo.org.br/noticias/noite-de-formacao-com-pe-jacques-marin/
Le Père Jacques Marin a été aussi suspendu du pouvoir de confesser, une première fois pendant trois mois, en raison de plaintes portées contre lui. Puis, tout récemment, Monseigneur Giraud a prononcé comme prélat de la Mission de France, un décret à l’encontre du Père Jacques Marin pour les abus commis dans l’exercice de son ministère :
Considérant que, trop souvent, vous ne vous êtes pas abstenu de gestes et d’attitudes admissibles avec discernement dans le charisme de guérison…/ … et que, par ce comportement vous avez parfois scandalisé gravement des pénitentes dont certaines ont porté plainte auprès de l’autorité épiscopale…
Ce décret du 20 mai 2016 interdit tout exercice du ministère de confession au Père Jacques Marin qui a lui-même reconnu « avoir fait des erreurs en transposant parfois dans le sacrement de Réconciliation un comportement relationnel affectif et corporel… » Ce décret a été confirmé par la Congrégation de la Doctrine de la Foi.
Des problèmes qui demeurent et se perpétuent
Devant ces différents articles de presse et le nombre très élevé de départs de communautaires en souffrance, force est de constater qu’Olivier Belleil n’a pas pris la mesure des dysfonctionnements qui touchaient la communauté. Ce déni de vérité sur l’origine du mal et ses conséquences n’a de toute évidence pas permis d’apporter les solutions adéquates et a laissé la communauté s’enliser dans un modèle similaire au système antérieur : autorité abusive et irrespect des personnes.
Plus de dix ans après la visite canonique de 2003, il est permis de s’interroger sur la réalité de sa mise en œuvre. Les partants continuent de dénoncer les problèmes récurrents qui entravent le bon fonctionnement de la communauté et sont source de blessures profondes pour les personnes concernées. Cela appellerait une remise à plat du mode de gouvernement et une humble relecture de l’histoire de la communauté, prélude à l’ouverture au dialogue et à la réconciliation. Ceci ne peut se concevoir sans une implication compétente des pasteurs de l’Eglise, proportionnée dans les moyens et dans la durée à la profondeur et à l’enracinement du mal.
Synthèse réalisée par un collectif après enquête auprès d’anciens membres de la communauté du Verbe de Vie