Mgr Mansour Labaky face à ses juges

Mercredi 7 novembre 2012 — Dernier ajout lundi 23 septembre 2013

Le père Labaky a été condamné par la Congrégation de la Doctrine de la Foi à se retirer dans la prière et la pénitence, et à ne plus célébrer la messe en public. Il est reconnu coupable de « délit contre le sixième commandement » à l’encontre de trois mineures, et de « crime de sollicitation » à l’occasion de la confession. Article proposant une synthèse sur cette triste affaire. Original sur le site des victimes du père Mansour Labaky : http://www.affairelbk.net/

Plaintes pour abus sexuels à l’encontre de Mgr Mansour Labaky

Au cours de l’année 2011, différentes plaintes à l’encontre du Père Mansour Labaky, ont été déposées auprès du Nonce Apostolique à Paris.

Si les abus sexuels sont l’aspect le plus spectaculaire et le plus scandaleux des faits reprochés au Père Labaky, c’est essentiellement le prêtre que les autorités ecclésiastiques ont décidé de juger, car plaintes et révélations ont montré que sa vie n’avait pas été conforme aux obligations, à la fonction et à l’état propres au sacerdoce catholique.

En France, dès septembre 2011, le Cardinal Sandri, Préfet de la Congrégation pour les Eglises Orientales a pris une mesure conservatoire, pour empêcher le Père Labaky d’exercer en France, ses fonctions, et de nuire à la sérénité de l’Enquête. Tous les diocèses de France lui ont fermé leurs portes.

Quand le Patriarche Maronite, le Cardinal Bechara RaÏ est venu à Lourdes en septembre 2011, lors de son premier voyage officiel, le Père Labaky n’était pas là pour l’accueillir dans la maison de Beth Maryam financée par l’association « Lo Tedhal » et cédée précipitamment en 2010.

Enquête ecclésiastique

En septembre 2011, l’archevêque de Paris, Mgr Vingt-Trois, a confié l’enquête ecclésiastique, à l’Officialité de Paris, car il était l’Ordinaire des prêtres de rite oriental exerçant en France.

Les victimes qui se sont déclarées, ont pu ainsi être auditionnées individuellement, et le dossier de 160 pages, signé par Mgr Vingt-Trois, est parti fin décembre 2011 à Rome, car désormais c’est la Congrégation pour la Doctrine de la Foi qui instruit les dossiers de plaintes pour abus sexuels de la part de prêtres et de religieux. Palais de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi Rome

Procès administratif

Ce sont les « Normes pour les délits les plus graves », qui sont appliquées, dans ces affaires, depuis que le Pape Jean-Paul II, puis le Pape Benoît XVI, ont décidé d’éradiquer les abus sexuels sur mineurs de la part des prêtres, et de ne tolérer aucune clémence devant des actes aussi abominables.

On peut trouver sur ce blog, plus d’informations, et on peut aussi aller sur le site internet du Vatican, qui consacre une section importante aux abus sexuels, accessible dès la page d’accueil de www.vatican.va

Le Père Labaky a donc été convoqué à Rome par deux fois, en mars 2012, et entendu par les Juges de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

Jugement et Sanctions

Le jugement qui l’a reconnu coupable, lui a été signifié par Décret (Decretum), le 23 avril 2012. Le Père Mansour Labaky a été reconnu coupable de deux chefs d’accusation :

  • le Délit contra sextum, (contre le 6e commandement) à l’encontre de trois mineures.
  • Le crime de sollicitation, à l’occasion de la confession à l’égard d’une victime

Les peines suivantes lui ont été infligées :

  • Une vie de prière et de pénitence dans une communauté religieuse ou dans un autre lieu retiré à déterminer par l’évêque éparchial en accord avec la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, où tout contact avec des mineurs sera écarté ;
  • Privation de tous les offices ecclésiastiques exercés actuellement ;
  • Interdiction de célébrer les sacrements coram populo, c’est-à-dire en public, pouvant simplement célébrer l’eucharistie dans la communauté ou le lieu retiré où il sera confiné, et perte des facultés pour confesser toute personne, sauf en danger de mort ;
  • Interdiction d’assurer toute direction spirituelle, de participer à des manifestations publiques ou médiatiques (conférences, apparitions à la télévision, célébrations…) ainsi qu’interdiction de prendre contact avec les media ou avec les victimes.

Application des peines

Elle est immédiate, même si « conformément à l’art 27 du motu proprio « Sacramentorum sanctitatis tutela », le coupable pourra interjeter un recours contre cette décision auprès de la Session Ordinaire de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi.

En cas de violation des peines susmentionnées, le coupable encourt l’excommunication mineure, le temps nécessaire à l’application de ces peines (Code de Droit Canon 1406 §1 et Code de Droit Canon des Eglises Orientales 1431 §1)

En effet, les « Nouvelles Normes pour les Délits les plus graves », s’appliquent à l’Eglise Universelle, Eglise Latine et Eglises catholiques de rite oriental. Le prêtre coupable ne peut être présumé innocent avec de tels délits, il est considéré coupable, même s’il fait appel, et doit se plier aux sanctions jusqu’au jugement en appel.

Excommunication Mineure

Dès le 23 avril 2012, il a été visible que le Père Mansour Labaky, ne suivrait pas son modèle sacerdotal : saint Padre Pio, et il s’est mis en contravention avec les sanctions auxquelles il devait se plier, défiant ostensiblement le Vatican. Il a donc pris ouvertement le risque de l’excommunication mineure ipso facto.

Il semble qu’avec la venue du Pape Benoît XVI au Liban, et devant le risque de scandale, un modus vivendi ait été trouvé entre l’archevêque de Beyrouth et la diplomatie vaticane. Le Père Labaky aurait été maintenu dans ses fonctions, à condition, qu’il n’apparaisse pas dans les cérémonies papales, et n’intervienne plus dans les media.

Disparu des écrans

Le fait est que le scandaleux chant de bienvenue au Pape, que le Père Labaky avait réussi à imposer dans les media chrétiens libanais a été retiré avant la venue du Pape, et qu’il n’a fait aucune apparition publique au moment de la venue du Pape, à Beyrouth.

A l’issue de la procédure d’appel actuellement en cours à la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, celle-ci donnera une deuxième et dernière décision dans cette Affaire des abus sexuels du Père Mansour Labaky.

Alliance Saint Antoine, soutien aux victimes

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